Irène Jonas | Invitée d’honneur
BIO | Irène Jonas est sociologue et photographe. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages, et mené des études sociologiques notamment une intitulée : « Et pourtant, elles photographient… Les parcours des femmes photographes » –. Depuis une douzaine d’années, elle centre ses recherches sur la sociologie visuelle et le genre. Photographe, elle est membre de l’agence révélateur depuis 2016. En 2018, elle a reçu le prix FotoMasterclass pour sa série « Insomnie » exposée à Fotofever. En 2019, elle a réalisé une exposition à l’Opéra de Rennes sur le thème du « Hollandais volant » et une projection de 80 photographies sur une pièce musicale de Jean Cras. En 2020, elle a exposé à la galerie Thierry Bigaignon (Paris) et a été en résidence au Champ des Impossibles (Perche). Elle a publié deux livres : « Dormir dit-elle » (Ed. Arnaud Bizalion, 2018) et « Crépuscules » (Les Éditions de Juillet, 2020).
L’épaisseur du temps
Les saisons de l’année 2020 se sont succédé au rythme des confinements, déconfinements et reconfinements. Dans ce petit village de bord de mer, la frontière entre l’habituel et l’inhabituel, l’ordinaire et l’extraordinaire était peut-être moins perceptible que dans les grandes villes, mais il flottait dans l’air comme un sentiment d’étrangeté.
Immobilité et silence sont probablement les deux termes qui ont le plus justement caractérisé ce sentiment d’irréalité dont les mois étaient marqués.
Brume et pluie brouillaient les contours, suspendaient le temps, jetant comme un voile sur les paysages déserts. Seul l’été leur a redonné figure plus humaine.
Les photographies noir et blanc sont retravaillées à la peinture à l’huile accentuant l’intemporalité de ces images prises en pays bigouden.
ÊTRE FEMME PHOTOGRAPHE
“Quand je regarde en arrière, je vois des soutiens, des accompagnements et des liens amicaux qui ont étayé une volonté de toujours continuer. Mais j e vois également une guirlande de doutes, d’empêchements, de portes fermées, d’absence de confiance, de manque de temps, de lassitude… Je n’aurais pas été aussi longtemps encombrée par moi-même, et par les autres, si plus d’égalité entre les femmes et les hommes avait existé dans la société.”