Ana Mendes | Celles et ceux que tu ne vois pas
Quelle image avez-vous des peuples traditionnels et indigènes qui vivent au Brésil ? Fascinants. Luxuriants. Pittoresques. Il se peut que ces adjectifs vous rendent difficile la réflexion sur les peuples autochtones ; pourtant ces personnes de chair et de sang passent leur vie, comme vous et moi, traversées par des questions existentielles, intellectuelles et pratiques. Des peuples dont on connaît une ou deux histoires, presque rien : une fiction mal racontée pleine de clichés et de stéréotypes. Le stéréotype emprisonne la poésie du quotidien, en dissimule la beauté […] Comment sauver un regard pris en otage par l’effacement des siècles ? Comment voir la diversité des peuples originels de l’Amazonie et leurs multiples histoires et luttes ? Qui sait si nous nous libérons de la recherche de l’exubérance pour tenter de regarder attentivement ce qui ne se voit pas.
Un texte écrit avec Glaucia Nogueira
What is the image you have of Brazil’s aborigines or its traditional peoples? Is it a culture that you don’t really know or the images you have are clichés or stereotypes? How can we relate to their diversity and their stories and battles?
BIO | Titulaire d’une maîtrise en sciences sociales, la photojournaliste documentaire Ana Mendes crée des projets multimédias sur les luttes des peuples autochtones d’Amazonie au Brésil pour défendre leurs droits. Elle a collaboré à de nombreux médias dans ce pays (« Repórter Brasil », « Amazônia Real »…) et à l’international, comme le « Washington Post ». Ses images font partie de diverses collections dont celle du Musée de l’État du Pará (Brésil). Son essai photographique, « Pseudo Indígenas », qui dresse le portrait des peuples Guarani-Kaiowá et Akroá Gamella, a remporté le prix Pierre-Verger 2019. En 2021, il a été lauréat de l’Open Call Iandé X Photo Doc 21 et exposé à Paris.
ÊTRE FEMME PHOTOGRAPHE
” Des idées qu’on me vole, le harcèlement, la sous-estimation de ma capacité physique à faire mon travail sont des situations vécues. Et, très souvent, je subis un double préjugé : envers moi, et les peuples indigènes que je photographie. J’entends des phrases comme : « Tu n’as pas peur des Indiens ? » Cela me conforte dans la nécessité de mes choix de sujets. “