Marion Péhée | Les filles du khat (Djibouti- Ethiopie)
Depuis des siècles, les feuilles du khat au goût amer sont mâchées pour libérer des principes actifs semblables à ceux des amphétamines. Cette drogue verte inonde l’Afrique de l’Est. Selon un dicton, « le khat rend les hommes dociles et impuissants mais rend les femmes riches ». Car ce sont les femmes qui gèrent en grande partie ce business lucratif tandis que les hommes en sont les consommateurs quotidiens, désœuvrés et dépendants de cette drogue omniprésente. Elles sont des milliers – paysannes, employées ou même femmes d’affaires – à vendre le khat au détail, un moyen pour nombre d’entre elles d’accéder à l’autonomie financière. Ce commerce est une question de survie pour certaines, un tremplin social et économique pour d’autres.
For centuries, khat leaves in East Africa are chewed for amphetamine-like effects. Women lead its trade, men its consumption. Thousands of women, including farmers and businesswomen, sell khat for financial independence or survival, making it a vital economic lifeline.
BIO | Après une maîtrise de photographie et art contemporain à Paris-8, Marion Péhée se tourne vers le photojournalisme. Elle se fait connaître avec un reportage en Ukraine traitant des conséquences du conflit sur la population civile. Puis elle réalise des sujets de société, en France comme à l’étranger, portant notamment sur les droits et les injustices faites aux femmes ou sur les questions environnementales. En octobre 2021, la Fondation Lagardère lui a remis sa bourse photographe pour son sujet sur les vendeuses de khat dans la Corne de l’Afrique. En septembre 2022, elle remporte le prix de l’UPP pour « Ukraine, le choix de rester ». Elle a collaboré avec « Elle », « Libération », « le Monde », « Der Spiegel »…
ÊTRE FEMME PHOTOGRAPHE
” Sur le terrain, ça ouvre des portes, les interlocuteurs sont peu méfiants des femmes. Je travaille beaucoup sur la condition des femmes, pour moi, leur accès est simple et souvent immédiat. En revanche, même si les sphères masculines sont souvent accessibles, il m’est arrivé de devoir renoncer à certaines photographies parce que je suis une femme. “